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Jack London

Le vagabond des étoiles

  • b5781378179has quoted2 years ago
    érent, et je te l’accorde[10]. Et pourtant je ne dis rien qui, pour moi, n’ait été réel, aussi réel que le serpent que voit siffler vers lui l’homme en proie au delirium tremens.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    ne fus plus qu’un pur esprit, une âme, une conscience morale. Appelez comme vous voudrez cette chose sans nom, ayant son siège dans un cerveau nébuleux, qui occupait toujours le centre de mon crâne, mais qui continuait à s’élargir et à s’étendre au delà.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    Morrell m’avait bien dit qu’il avait gagné la liberté de l’esprit en tuant son corps. Or mon corps était mort presque entièrement, et j’avais la certitude qu’une dernière concentration de ma volonté sur les parties encore vivantes achèverait de le faire mourir.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    Je songeai aussi, et cela m’amusa, que si la matière pouvait pénétrer la matière, les murs de la cellule pouvaient aussi bien pénétrer ceux de la prison, passer au travers, et que je me trouverais ainsi, automatiquement, en liberté.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    La sérénité de mon esprit, je m’en souviens, était complète à cette heure. Elle planait sur les souffrances, passivement supportées, de mon corps. Et cette sérénité n’allait pas sans une exaltation vers le rêve, qui était à son paroxysme. Je me sentais en excellente forme pour risquer la grande épreuve.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    Ce misérable avait été un homme cependant. Mais on l’avait brisé sur la roue, et tout son moral s’était éteint en lui. Ses dix à douze mille dollars et sa liberté en perspective avaient fait de lui l’esclave du gouverneur. J’ai su, plus tard, qu’il y avait aussi une femme, demeurée fidèle, et qui l’attendait. Le facteur féminin explique bien des actes de l’homme, et des plus vilains.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    prétends simplement qu’il y a plus de vie en moi que vous ne croyez et que, de cette vie, vous ne sauriez trouver le terme. Donnez-moi, à votre gré, cent jours de camisole. Après cent jours, en vous regardant, je sourirai encore.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    Lorsque tout ton corps est mort, bien mort, et que ton esprit se sent intact, tu n’as plus qu’à sortir de ta peau et à laisser derrière toi ta dépouille. Or, quitter cette dépouille c’est aussi quitter ta cellule. Les murs de pierre et les portes de fer sont faites pour garder les corps. Ils ne sauraient enclore les esprits.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    ce qu’il est nécessaire que tu croies, c’est que ton corps est une chose et que ton esprit en est une autre. Ton esprit est tout. Ton corps, au contraire, ne compte pas. Il ne vaut pas même un pet de lapin. Il ne sert qu’à t’encombrer. Ton esprit lui commande de mourir. Tu commences l’opération par les deux orteils. Tu les fais mourir, l’un après l’autre, puis, après eux, tous tes doigts de pieds. Tu veux qu’ils meurent. Et, si tu as la foi et la volonté, ils mourront. Le début est le plus difficile. Quand le premier orteil est mort, le reste n’est plus que bagatelle. Car alors tu n’as plus, pour croire, à te tourmenter les méninges. Ta volonté opère sans peine pour le reste du corps. Je l’ai fait trois fois, je le répète. Je sais, Darrell. Le plus curieux, c’est que tandis que ton corps est en train de mourir, ton esprit n’en demeure pas moins lucide. Ta personnalité subsiste. Après tes pieds, tes jambes sont mortes. Puis les genoux. Puis les cuisses. Et, à mesure que monte la mort, tu es le même toujours. Ton corps seul abandonne la partie, morceau par morceau.
  • b5781378179has quoted2 years ago
    C’est que la chose n’est point facile, de maîtriser la douleur corporelle par la seule force de l’esprit, de maintenir le cerveau à tel point serein qu’il oublie complètement la plainte atroce et le sanglot des nerfs torturés. J’appris à souffrir passivement, comme sans doute tous ceux qui ont passé par les étapes graduées de la camisole de force.
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